Joséphine

L’interview parisienne: Pénélope Bagieu

Pénélope Bagieu est une illustratrice et dessinatrice de bande dessinée française. Elle s’est fait connaître grâce à son blog BD Ma vie est tout à fait fascinante, où elle expose avec humour des instants de sa vie quotidienne. (www.penelope-jolicoeur.com)

Te définirais-tu comme une parisienne de naissance, une parisienne de cœur ou une parisienne de passage ?

Parisienne de naissance et de coeur ! Je suis née dans le XIVe, dans un hôpital qui a été détruit depuis (je ne sais pas, j’ai dû lui porter la poisse). J’ai vécu dans le Xe, le XIVe, le XIIe et le Ve. J’ai quitté Paris quelques mois pour un Erasmus, et, même si j’ai adoré Londres, j’avais salement le mal de la Tour Eiffel ! Bref, je le mérite bien, quand je me fais traiter de « sale Parisienne » ! 

Si tu devais définir Paris en quelques mots… 

Un espèce de réunion de plein de petits villages, entre lesquels on navigue pour aller bosser, voir des gens, des expos, trouver le magasin rare ou le resto inédit. Mais on reste toujours très attaché à son petit quartier, à son ambiance, ses adresses… Hum, ça fait plus que quelques mots, ça, désolée. 

Si tu devais quitter Paris, tu serais… 

Obligée de le faire, j’imagine. Mais alors il faudrait vraiment que ce soit par amour, et il aurait intérêt à ce que ce soit pour aller à New York ou Tokyo ! Mais ce que j’aimerais bien, à terme, c’est avoir aussi la possibilité de quitter Paris par moments. Avoir une maison complètement perdue dans la forêt, pour aller écrire, vivre comme une ermite, traîner en bottes de pêche, et faire des tartes. Et puis pouvoir rentrer à paris quand j’en ai marre, bien sûr ! 

Ton restaurant préféré ? 

Aaarrghh, mais si j’en parle, il ne sera plus secret du tout ! Bon, tant pis : Bai Thong, 47 rue de Charenton dans le 12e juste à côté de mon bureau. C’est LE resto qui me replonge instantanément en Thaïlande : la cuisine, le cadre, l’accueil, tout y est. Mention spéciale à leur soupe de banane au lait de coco en dessert, qui donnerait presque envie de venir juste pour le goûter.

Ton arrondissement préféré ? 

Pour la mosquée et son thé, la rue Mouffetard et ses joueurs de jazz manouche, les quais de Seine et les cours de tango en plein air, la Grande Galerie de l’Evolution et ses squelettes de baleines, le 5e, où j’ai fait toutes mes études. 

Ton lieu préféré (jardin, musée…) ? 

Le Jardin des Plantes, sans hésiter.

Cinq filles pour renouveler la BD

Pénélope Bagieu, Nine Antico, Sophie Awaad, Ulli Lust et Lucie Durbiano allient le punch, l’autodérision et le style à un sens aigu de l’observation.

Joséphine change de camp, par Pénélope Bagieu

De quoi ça parle ? C’est le choc ! Non seulement, dans ce troisième album, Joséphine se case mais elle attend aussi un bébé. Fini les péripéties de “célibobo” trentenaire et les soirées Desperate housewives entre filles. La voir rejoindre l’axe du mâle exaspère ses ami(e)s.

Et c’est comment ? Pénélope Bagieu, blogueuse-star, a toujours le regard et les mots justes pour raconter les aventures décapantes et très drôles de Joséphine (bientôt adaptées au cinéma). On tourne les pages le sourire aux lèvres.

La petite phrase : Le fait qu’il me laisse avoir une boîte de tampons dans ses toilettes, ça compte ?

Girls Don’t Cry, de Nine Antico

De quoi ça parle ? Les instantanés de lycéennes très chipies. Au programme : faut-il se tailler une frange ? Comment choper le chanteur d’un groupe de rock ? En résumé, des jours pleins d’audaces et des nuits sans lendemain.

Et c’est comment ? Signature reconnue de la BD féminine, voire féministe (Coney Island Baby), Nine Antico affirme son style : un ton cash, un trait rétro. A lire et à relire.

La petite phrase : Les stars du bahut sont les losers de demain.

Le Mec du milieu, Par Sophie Awaad

De quoi ça parle ? Comment séduire les mecs quand on est restée un vrai garçon manqué ? Sophie raconte les râteaux encaissés, depuis l’école primaire jusqu’aux sites de rencontres.

Et c’est comment ? Découverte par Lewis Trondheim, formée à l’Ecole européenne supérieure de l’image à Angoulême, Sophie Awaad raconte ses déboires au fil d’un journal intime et tendre. Le témoignage est aussi sincère que le crayonné simple, noir et blanc.

La petite phrase :Il m’a dit : “Tu chausses combien ? Au-dessus de 40, je peux pas.”

Trop n’est pas assez, d’Ulli Lust

De quoi ça parle ? L’été 1984, Ulli Lust, une punk de 17 ans, trace la route de Vienne (Autriche) en Italie avec sa copine Edi. Voguent les galères, les nuits dans les squats et les heures à faire la manche.

Et c’est comment ? Cette longue, glauque et haletante autofiction est un témoignage sur les travellers en herbe. L’auteure, éditrice de romans graphiques à Berlin, confesse dans le détail un parcours qui n’est pas sans rappeler Moi, Christiane F., 13 ans, droguée, prostituée…

La petite phrase : Je fais quelque chose d’intelligent. Je veux dire : je refuse cette société de merde ! Je la quitte !

Lo, de Lucie Durbiano

De quoi ça parle ? Quand la jolie nymphe Lo “kiffe” le beau Daphnis, c’est toute la clique de Diane, chasseresse, qui jacasse et persifle. Même les dieux s’en mêlent.

Et c’est comment ? Le thème du marivaudage revu avec un art du conte très rohmérien, des couleurs pastel et un langage de soldat. Savoureux. La très douée Lucie Durbiano est l’auteure du plébiscité Trésor.

La petite phrase : Ivre nous perdons la notion du ciel et de la terre.